Cet été j’avais programmé trois stages à Vernon. Un week end de fabrication du tambour et les deux modules de mon stage « Danses intuitives et Pratiques chamaniques ».
J’ai ouvert les inscriptions avant le printemps. A ma grande surprise, je n’ai eu que très peu de demandes de renseignements et encore moins d’inscriptions pour ces deux modules. A tel point que le nombre de participant.e.s minimum n’a pas été atteint.
Ça a été une grosse déception pour moi. Ces stages d’été je les attends toujours avec impatience, ils ont une saveur particulière. Et puis j’avais tellement hâte de partager et transmettre mes connaissances et ma pratique, de vivre ces moments exceptionnels, et être témoin des transformations individuelles….
J’ai eu beaucoup de mal à m’y résoudre, pourtant la réalité était bien celle ci : je n’ai pas assez d’inscriptions pour permettre à ces deux modules d’avoir lieu.
Alors, dans ma grande vulnérabilité, il m’a fallu rappeler les personnes inscrites pour leur expliquer la situation, et accueillir leur déception. Car oui, c’est difficile aussi pour les futurs stagiaires de voir un stage qui les appelait, qui les faisait vibrer, être annulé. Et puis ensuite, il m’aura fallu aussi prévenir la cheffe cuisinière qui devait être présente et m’excuser de ne pas pouvoir honorer mon engagement…
Ça a été un grand coup dans l’aile pour moi, plus fort encore que ce que je croyais. Ce n’est pas la première fois que je dois annuler une session d’atelier ou de stage par manque de participant.e.s, même si ça m’impacte à chaque fois, je sais rebondir. Il y a des hauts et des bas, c’est le mouvement de la Vie. Mais pour un tel stage, avec un tel enthousiasme, je pensais vraiment pouvoir valider le nombre minimum de participant.e.s. Je ressentais une profonde tristesse et un grand désarroi.
Cette expérience aura été douloureuse aussi sur un plan matériel, car elle venait dans un contexte déjà sollicitant d’insécurité liée au départ. Tout quitter, partir sans vraiment savoir où on arrive, et ne pas avoir de stabilité matérielle et financière.
Après une grande traversée d’insécurité, d’illégitimité, et de peurs de l’avenir, entre tristesse, amertume et dépréciation; j’ai traversé une baisse profonde de créativité et d’inspiration. Je ne pouvais plus entrevoir le champs des possibles, tout en sachant pourtant au fond de moi qu’il existait. Je n’y avais simplement pas accès. Dans cette lente descente, je ne pouvais plus contacter d’envie, je n’avais plus d’énergie. J’ai renoué avec le chaos, que je connais bien, moins violent qu’auparavent cependant. Parce que justement… je connais…
Ce que cette nouvelle traversée m’a permis d’entrevoir c’est dans un premier temps l’épuisement que je vivais. Je mène beaucoup de choses de front, j’ai un très grand attachement à mes valeurs profondes, et il est essentiel pour moi de les respecter parfois au prix de choix drastiques. Car ne pas être alignée, devoir m’adapter à des choses qui ne me conviennent pas, est pour moi synonyme d’un vide énergétique.
Je vis aussi avec une hypersensibilité qui, même si elle n’est pas toujours au même niveau, m’épuise. Le bruit, l’agitation autour de moi, les odeurs etc… sont autant de facteurs (qui paraissent anodins pour certains) très sollicitant pour moi, et viennent se superposer aux autres problématiques. Je vois cela comme des « crises d’hypersensibilité ». Certains faits peuvent m’atteindre plus ou moins profondément selon où j’en suis dans mes mouvements intérieurs.
Je me suis par ailleurs beaucoup observée dans cette nouvelle traversée sous le prisme du Design Humain et des Clefs Génétiques, une approche de l’être pour laquelle je me passionne depuis un peu plus de un an et me permet une acceptation encore plus profonde de qui je suis. Grâce à cela, j’ai notamment pu m’autoriser à accueillir mon grand besoin de repos et les différentes formes qu’il peut prendre, accepter ma manière d’entrer dans les détails pour comprendre, valider ma capacité à entrevoir les dysfonctionnements dans des systèmes et à percevoir leurs résolutions, respecter le temps de latence dont j’ai besoin pour « répondre », etc… J’ai aussi mis en oeuvre l’attente, ce qui est le plus difficile, ne pas initier et laisser venir à moi ce pour quoi je suis appelée.
Je ne suis pas en train de dire que c’est une baguette magique qui résoudrait tout (ça n’existe pas!). Loin de là. Ce que j’exprime c’est l’engagement et la foi que je me porte et que je porte en la Vie dans cette exploration de mon être et de mon énergie. Car il faut une grande résilience et du temps pour accepter et intégrer que l’on fonctionne autrement, encore et encore.
Je n’ai pu enfin rebondir il y a seulement quelques jours…Ça aura pris du temps à être traité, et j’ai quand même essayé de lutter pour que ça aille plus vie… Essayer, en vain. D’ailleurs je pense pas que ce soit totalement terminé, mais c’est une étape.
La créativité est revenue et avec elle l’exaltation (trop d’exaltation… ça part dans tous les sens, encore un autre aspect de l’hypersensibilité…), l’envie de transmettre et d’accompagner, ma valeur et mon unicité. Ce que j’ai à proposer est pertinent, authentique et a sa place dans la grande mosaïque de l’évolution humaine.
L’environnement naturel et paisible dans lequel je suis depuis deux semaines m’a offert l’espace pour laisser déposer ce qui était en trop, ce qui devait s’en aller.
Une fois la traversée du dépouillement faite, je peux maintenant recevoir l’inspiration, et laisser pétiller la créativité.
Ce texte se termine sur une note positive, parce que je l’écris maintenant que je suis sortie de cette phase. Je n’aurais pas pu écrire en période chaotique ou d’instabilité, parce que je perds mes moyens, parce que je ne suis pas capable de grand chose dans ces moments là.
J’avais simplement envie cette fois de vous transmettre mon humanité, mon expérience, par écrit, comme je le fais quand nous sommes en cercle, avec la même authenticité et la même vulnérabilité.